Grilles et portails d’art des bâtiments prestigieux

Portails et clôtures remplissent aujourd’hui un rôle important dans le monde de l’habitat. Ils bordurent, délimitent des espaces privés et servent de grilles de défense. C’est la première chose qui attire l’oeil des visiteurs et de fait, ils représentent d’une certaine façon le propriétaire des lieux. De l’époque des rois et de la noblesse, ceux-ci opéraient également comme une carte de visite signalant aux nouveaux arrivants à qui ils avaient affaire. Objet utilitaire et de prestige, à la découverte des grilles et portails remarquables.

Portails et grilles : l’oeuvre des ferronniers

Le mot portail est dérivé du mot porte. Le portail constitue l’entrée principale d’un site ou d’une propriété et se réfère généralement à une porte de très grande taille supportée par deux piliers. La grille est une clôture. Elle vient compléter le portail et sert à fermer et délimiter un espace.
Parmi les nombreux métiers de la métallerie, le métier de ferronnier d’art évoque d’autres époques. De fait, les forgerons sont apparus en même temps que le travail du métal, plus spécifiquement le fer, à savoir 5 000 avant JC. Le fer est travaillé à chaud, par battage au marteau et à l’enclume. Les ferronniers d’art réalisent des éléments en fer forgé à but décoratif, du mobilier mais également de grandes pièces comme des grilles ou des portails. C’est eux qui laissent la première impression au visiteur.

Le ferronnier d’art

D’une manière générale le ferronnier d’art réalise des éléments en fer forgé mais au Moyen-âge le forgeron fabriquait absolument tout ! Il occupe une place indispensable et petit à petit, ce qui était essentiellement utilitaire, est devenu un art à part entière. Ainsi, les grilles de fer et portails deviennent le prolongement décoratif des bâtiments de toutes les époques portant par leurs éléments de décoration, le message aux visiteurs. Un beau portail en fer forgé et décoré de fleurs de lys signifiait jadis que le propriétaire du château faisait partie de la noblesse de l’histoire des rois de France.

Le « savoir-fer » français

On dit souvent qu’il existe une sorte de magie au métier de forgeron. D’une simple pièce de métal sort une ou des merveilles. Le travail du fer requiert un savoir-faire et une expertise dans laquelle la France excelle depuis longtemps. La ferronnerie française atteint son niveau d’excellence au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIII, magnifiée encore plus sous Louis XIV.
L’art du métal est notamment enseigné par les Compagnons du devoir, organisation historique et considérée comme le premier centre de formation en France en matière d’artisanat. Les artisans en ferronnerie d’art peuvent également participer au concours du Meilleur Ouvrier de France afin d’obtenir le titre très convoité de MOF ferronnier d’art. En plus du prestigieux titre de Meilleur Ouvrier de France, le label EPV « Entreprise du Patrimoine Vivant » récompense les entreprises détenant “un patrimoine économique composé en particulier d’un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire”.

Portails, grilles et clôtures d’art

Historiquement, le fer est le matériau de prédilection pour artisans ferronniers. Portails et grilles en fer forgé sont des fabrications sur mesure et des pièces uniques qui viendront signer bâtiments publics, monuments et demeures bourgeoises. C’est pourquoi ces ouvrages magnifiques peuvent aisément être qualifiés de grilles d’art et portails d’art. D’ailleurs, de nombreux portails et grilles sont classés au titre des monuments historiques.

Notre Dame de Paris

Avant que le fer ne s’affranchisse du bois au XVIe siècle, les travaux de ferronnerie viennent s’inscrire en élément décoratif du bois. Les ferrures des portails de bois de Notre Dame de Paris comptent parmi les décors architecturaux les plus incroyables du Moyen- âge. Les énormes portes sont presqu’entièrement recouverts de rinceaux et ornements de fer réalisé par Biscornet. La légende dit que devant l’ampleur de la tâche, il aurait vendu son âme au diable pour garantir la finalisation du projet colossal.

La grille du château de Versailles

La grille du château a été réalisée sous le règne du roi Louis XIV en 1680. Cette grille, telle de la dentelle dorée, venait ceindre la Cour Royale du château. Elle fut l’oeuvre des meilleurs ferronniers de l’époque. Quinze tonnes de fer pur et 100 000 feuilles d’or ont été travaillés afin de produire fleurs de lys, cornes d’abondance, couronnes et bien sûr, les fameux déliés de « L » majuscules croisés représentant le chiffre de Louis XIV. Cette grille magistrale accompagnée de son portail accueille les visiteurs leur rappelant avec force que Versailles est la demeure d’un roi.

Les portails et grilles spectaculaires d’Antoni Gaudi

Le modernisme catalan, mouvement dérivé de l’Art Nouveau, a largement contribué à mettre en valeur toutes les incroyables possibilités de la ferronnerie d’art. Gaudi en sera l’un des premiers fers de lance. Sculptures en fer tordues et motifs végétaux rappelant la nature viennent habiller grilles et portails.
Son portail du Pavillon Güell à Barcelone, réalisé en 1884, fait référence à la légende d’Hercule. L’architecte a eu recours à une multitude de techniques et intégré des éléments de métal tels des chaines, cotte de maille et autres ressorts afin de réaliser son oeuvre.
Ces longues courbes de métal, à l’instar des portails d’entrée du Palau Güell, sont quasiment devenues sa marque de fabrique et se retrouvent partout dans la ville. Ses grilles et portails sont des signatures de l’architecture Art Nouveau et sont célèbres à travers le monde.

Le portail et les grilles de la place Stanislas Nancy

La fin du XVIIIe siècle voit débarquer le style Rococo et avec lui, de nouveaux défis techniques pour les ferronniers d’art. Les grilles de la place Stanislas à Nancy, réalisées par Jean Lamour, sont un bel exemple d’ouvrage exécuté dans le style. Elles sont au nombre de six et encadrent l’hôtel de ville et unissent les bâtiments les uns aux autres. De par leur dorure, elles donneront à Nancy, le surnom de « Ville aux Portes d’Or ». De style art rococo comme les fontaines, elles ont été réalisées en fer battu et dorées à la feuille. Elles comportent pléthores de symboles de la Royauté.